Vu dans le télégramme de Brest.
"Interdite dans les autres secteurs, la discrimination en fonction du sexe perdure pour l'assurance automobile et favorise les femmes, réputées plus prudentes.
Adoptée en 2004, une directive européenne interdit toute discrimination entre les femmes et les hommes dans l’accès et la fourniture de biens et de services. Cependant, sous la pression des assureurs français, le législateur européen a introduit une seule exception, pour l ’ assurance. Ainsi, les États membres peuvent autoriser la discrimination « dans les cas où le sexe est un facteur déterminant dans l’évolution du risque » et sur la base de données statistiques « pertinentes, précises et mises à la disposition du public ». Cette exception a été adoptée en France fin 2007, notamment pour l’assurance auto.
Marché concurrentiel
Et en matière de sécurité routière, les chiffres sont éloquents. Ainsi, plus de 90 % des conducteurs en état d’ivresse impliqués dans un accident corporel ou mortel sont des hommes, selon un rapport de l ’ Observatoire de la sécurité routière de février 2008. Globalement, si les femmes ont tendance à avoir un plus grand nombre d’accidents car elles roulent plus en ville, ces sinistres, souvent de simples accrochages aux conséquences purement matérielles, sont moins coûteux. Les hommes, qui roulent au contraire plus souvent sur autoroutes avec des voitures plus puissantes, ont des accidents moins fréquents (de 6 % en moyenne) mais nettement plus onéreux (de 19 % en 2005). Ces différences de comportement pèsent sur les coûts des assureurs. Et dans un marché fortement concurrentiel, ces derniers appliquent presque tous une différenciation afin d’équilibrer leurs comptes et d ’ attirer la clientèle la plus rentable.
« Produit d’appel »
« Il y a un souci de faire payer le juste prix aux conductrices » , explique Jean Péchinot, de la Fédération française des sociétés d ’ assurance (FFSA). En outre, « l’assurance automobile est un produit d’appel qui permet, par la suite, de proposer d’autres produits d ’ assurance au particulier » . Les différences sont particulièrement marquées pour les plus jeunes. Ainsi, chez certains assureurs, la prime auto pour la première année peut aller du simple au double selon qu’on est un homme ou une femme. Selon les chiffres de la FFSA, les conducteurs avec moins de deux ans de permis ont en moyenne 30 % d’accidents de plus que les jeunes conductrices pour un coût moyen par accident supérieur de 40 %. « On ne cherche pas à faire des discriminations mais quand manifestement il y a des différences de comportement, il faut en tenir compte, notamment pour des raisons de prévention » , avance Jean-Luc de Boissieu, secrétaire général du groupement des entreprises mutuelles d ’ assurance (GEMA).
L’écart se creuse
Les assureurs ont d’ailleurs tendance à accentuer la différenciation ces dernières années. La mutuelle Maaf a supprimé la surprime sur les jeunes conductrices en 2005 (faisant ainsi payer plus cher les jeunes conducteurs) bientôt suivie de Natixis Assurances et la Macif. Un cabinet de courtage, La compagnie des femmes, propose même des assurances auto réservées au deuxième sexe, à partir de 99 euros par mois."
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