Après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, le 3611, l'annuaire électronique, accessible par le Minitel, va définitivement disparaître des écrans à la fin mars 2006. Ce service était fortement concurrencé par l'Internet. "L'audience de l'annuaire électronique est en chute de plus de 50 % par an", constate France Telecom. Aujourd'hui, le service reçoit 200 000 à 300 000 connexions par mois, contre 5 à 6 millions dans les années 1990.
Le groupe français d'annuaires Pages jaunes, régie publicitaire du 3611, explique, de son côté, que "la courbe d'audience de ce service et celle du site Internet pagesjaunes.fr se sont croisées en 2003". Depuis, le déclin du 3611 a été très rapide. Cependant, le Minitel est loin d'être mort. Ceux qui pronostiquaient sa disparition prochaine devront encore attendre. Aujourd'hui, France Telecom n'envisage pas d'arrêt du Minitel avant l'horizon 2011.
Certes le trafic de ce terminal, uniquement déployé en France au début des années 1980, est loin d'être aussi élevé qu'au milieu des années 1990, lors des années fastes. En 1998, il avait reçu 7,8 milliards d'appels. En 2007, le nombre d'appels reçus avait chuté à 220 millions.
Toutefois, il existe encore 2 millions de terminaux en fonctionnement (contre 9 millions en 1998), sans compter les logiciels qui transforment l'ordinateur en Minitel. Néanmoins, seulement 1 million de personnes utilisent réellement leur connexion Minitel.
On pourrait croire qu'il s'agit d'irréductibles, plutôt âgés et imperméables aux nouvelles technologies. C'est en grande partie faux. La majorité des adeptes du Minitel est constituée de professionnels. Ils représentent près de la moitié du trafic. Les fleuristes, les marchands de journaux ou les débitants de tabac l'utilisent pour leur approvisionnement. Les transporteurs routiers s'y connectent pour prendre connaissance des marchandises à convoyer. "Par rapport à un ordinateur, le Minitel a l'avantage d'être résistant, de s'allumer en une dizaine de secondes, et il n'a jamais été attaqué par un virus informatique", observe Guy Cronimus, responsable du marketing des kiosques chez France Telecom.
Le Minitel rend encore service aux particuliers. Quelque 4 000 prestataires sont accessibles via ce canal (contre plus de 25 000 en 1996). Si le Minitel rose a pratiquement disparu, la consultation des comptes bancaires est un service encore très utilisé. Le site d'informations boursières Boursorama, ouvert sur Minitel en 2003, est toujours disponible. Le Minitel est aussi employé pour les paris sur les courses de chevaux. Il reste très pratique pour obtenir des informations financières sur une société.
Si malgré le boom de l'Internet le Minitel existe encore, c'est aussi parce qu'il demeure une activité rentable. Il a encore généré 70 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2007. Alors que les éditeurs de services ont du mal à faire payer leurs prestations sur Internet, le Minitel permet de facturer de façon presque indolore les temps de connexion qui, pourtant, restent chers. Leur coût est directement prélevé sur la facture que reçoit, chaque mois, l'abonné à France Telecom.
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