Aujourd'hui, on qualifie également de "célibataire" une personne ayant quelqu'un dans sa vie, mais qui ne vit pas avec elle. Les sociologues britanniques les appellent les "Living Apart Together" (LAT), et en France, ce sont les "semi-cohabitants". Il y a cinq ans, c'était le cas d'1 couple sur 20.
Apparts séparés : le bon choix ?
Garder les avantages de la vie en solo, tout en profitant la passion de la relation amoureuse… Impossible ? Pas forcément, si vous décidez de ne pas partager le même appartement. Pour certains couples, le nouveau contrat amoureux passe par des habitats séparés. Le point sur le pour et le contre avec des spécialistes.
De plus en plus, les codes amoureux diffèrent de ceux que connaissaient nos parents, et grands-parents. Vous aimez un homme (une femme) qui vous donne tous les gages d’une affection sincère et pourtant partager son paillasson avec lui (elle) n’est pas une évidence. S’aimer et habiter séparément, pourquoi pas ! Cette pratique émergente, encore minoritaire est en passe de devenir un mode de vie.
Vive l’indépendance
Le modèle des apparts séparés devient de plus en plus répandu, "en particulier dans les grandes villes" précise le psychiatre Jacques-Antoine Malarewicz. Qui sont ces nouveaux couples ? Des trentenaires pour qui la liberté est une valeur vitale. Mais aussi des personnes de 35-40 ans qui ont fait des expériences de vie commune désastreuses, et qui désirent aborder la relation amoureuse différemment. Les adeptes du "pas toi sous le même toit que moi" ont en commun un certain type professionnel. Musicien, architecte ou encore photographe… la plupart sont en libéral. Ils ont plutôt un mode de vie professionnel très nomade. Horaires à la carte et déplacements à la pelle constituent en quelque sorte leur lot quotidien. Rien de très étonnant à ce que ces réfractaires à la routine et à l’ennui, freinent des quatre fers au moment de partager un espace commun.
Les couples fissionnels
Le sociologue Serge Chaumier les appelle les couples fissionnels. La plupart ont fait les frais du mode fusionnel, et pour rien au monde ne se laisseront piéger à nouveau. L’indépendance est devenue un nouveau credo amoureux, et un gage de longévité. A commencer par l’appartement. Les avantages sont nombreux. Exit, le fameux quotidien usant dont on nous rabâche tant les oreilles, ce tue-l’amour honni. Ici chaque rencontre est comme un nouveau rendez-vous. De plus, ce mode relationnel stimule la communication, en effet pour que ça marche chacun doit définir ses limites et fixer le degré de liberté qui lui convient. Comme le nombre de soirées en solo, ou bien ensemble, par exemple. Mais qu’en est-il de la question de l’infidélité, dans cette nouvelle géométrie ? "Le danger n’est pas plus grand" explique le psy, qui évoque les nombreux coups de canif dans le contrat chez les couples traditionnels. Au contraire ! Ces nouveaux couples ignoreraient la jalousie, le véritable poison dans la relation. La jalousie, signe d’insécurité et de dépendance, serait inhérente au couple fusionnel qui a pour idéal l’exclusivité.
Tout n’est pas rose !
Pour éviter la simple perspective de mélanger sa brosse à dents à celle de l’autre, certains sont prêts à payer très cher. Il vaut mieux avoir les moyens et de la chance. Trouver un appartement à côté de son cher et tendre n’est pas toujours aisé, à moins de jeter son dévolu sur un voisin proche. Enfin, cette formule est "biodégradable" aux dires de Jacques-Antoine Malarewicz. La plupart du temps, c’est la femme qui rompt le contrat. Quand le désir d’enfant paraît, il rend obsolète tous les grands rêves d’indépendance et de paillasson séparé. D’autres vont plus loin que ces détails matériels et défendent les vertus du vivre ensemble sous le même toit. Pour le sociologue François de Singly, la vie à deux peut garantir "la transition réelle des instincts égoïstes aux sympathies universelles". En clair, pour éviter d’avoir un ego gros comme une pastèque et développer des valeurs plus communautaires, rien de tel qu’un petit nid d’amour. "Là chacun peut apprendre dans le cadre des relations conjugales à se définir comme un individu, non exclusivement seul mais tenant compte des autres" poursuit le sociologue. Qu’est-ce que l’amour s’il ne résiste pas à l’épreuve du temps et d’un même espace ? Seule l’expérience peut donner de solides pistes de réponses.
Catherine Maillard
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