La tribune : aujourd’hui
Pour Jean-Louis de MOURGUES, délégué général honoraire de la FFSA et ancien président de la Mondiale, il convient de réfléchir aux défis que doit relever la profession.
"Assureurs, on vous aime!" Au moment où l'assurance fait de nouveau la une de l'actualité (conséquence de la distribution d'assurance dommages par la Banque Postale, rumeurs de réforme fiscale de l'assurance-vie, rumeurs de fusion des autorités de contrôle, etc.), il est bon de réfléchir aux défis que doit relever cette profession souvent mal aimée des Français.
1/RÉCONCILIER les Français avec l'assurance. Même si, individuellement, chaque Français apprécie "son" assureur, l'assurance n'est pas reconnue en France à sa juste valeur: on conteste un remboursement pour un pare-chocs froissé, ou un dégât des eaux... Mais on oublie les deux points essentiels: l'assurance protège contre les "gros" risques: accident, responsabilité civile, décès, invalidité, etc... et l'assurance-vie est le premier vecteur de l'épargne. Il est vrai que dans l'assurance le flux financier est inversé: on paye à coup sûr sa cotisation et on ne "consomme" qu'occasionnellement. Dans une société où l'individu recherche un retour rapide sur investissement, l'assurance n'a rien d'un bon placement! De plus, quand on fait appel à l'assureur, c'est généralement dans des circonstances peu agréables. L'assurance n'a donc pas bonne presse: cela doit changer car elle est indispensable au bon fonctionnement de la société. Depuis plus de vingt ans, elle a prouvé qu'elle répondait à un besoin fondamental de sécurité, de protection de l'individu contre les aléas de la vie, de financement de l'économie. L'assurance doit être mieux appréciée pour les services qu'elle rend à l'individu comme à la société: cela nécessite d'intensifier la communication mais aussi la présence auprès des médias, des associations, des consommateurs, des partenaires économiques, sociaux, des élus etc.
2/SE FAIRE MIEUX RESPECTER par le pouvoir politique. D'abord, il faut faire admettre aux pouvoirs publics la spécificité du métier d'assureur: l'assureur supporte des aléas et gère des risques à long terme, il est un gestionnaire de passif (alors que le banquier est gestionnaire d'actif). Le coeur de son métier est la mutualisation des risques en assurance dommages, comme en assurance décès. C'est pourquoi l'idée récente de fusionner les trois autorités de contrôle financier (Acam, Commission bancaire, AMF) paraît inopportune car elle nuirait à la transparence des activités et à la séparation des métiers. On a vu dans la récente crise des subprimes combien il était dangereux de mélanger les genres et de diluer les spécificités et les responsabilités propres à chacun des intervenants financiers. Ensuite, rappeler que l'assurance (activité de long terme) ne peut s'exercer sereinement que dans un contexte réglementaire et fiscal stable. De grâce, ne modifions pas chaque année la fiscalité de l'assurance-vie! Les Français ont besoin de durée, de lisibilité pour épargner. Enfin, le pouvoir politique doit comprendre que l'assurance n'est pas la "vache à lait" fiscale qu'on utilise pour boucher les trous et que les assureurs ne sont pas la variable d'ajustement imaginée à la hâte pendant une séance de nuit budgétaire au Parlement! Pour se faire mieux entendre à Paris comme à Bruxelles, les assureurs doivent, sur les dossiers principaux, parler d'une seule voix: il est urgent d'approfondir le rapprochement, déjà bien initié avec l'Association française de l'assurance, entre les différentes familles de l'assurance soit en donnant corps, sous une forme ou sous une autre, à la grande maison de l'assurance, et cela peut tout à fait se faire en respectant la culture propre à chaque famille d'assureurs, soit en organisant une communication unifiée qui fasse passer un message clair.
3/LE TROISIÈME ENJEU pour l'assurance est de répondre aux grands défis actuels de notre société: l'environnement, l'allongement de la vie humaine, le besoin croissant de services. Protéger les individus contre les catastrophes naturelles et s'adapter aux changements climatiques, les assureurs et les réassureurs ont montré qu'ils en étaient capables. Il faut aussi tirer les leçons de l'accroissement (très positif par ailleurs) de la durée de la vie: conséquences financières énormes pour les retraites, augmentation des dépenses de santé, et des solutions répondant à la montée en charge de la dépendance. "Pesant" plus de 200 milliards d'euros de cotisations, 210.000 emplois, gérant 1.500 milliards d'actifs, l'assurance française a toutes les aptitudes pour contribuer à résoudre ces problèmes en conciliant responsabilité individuelle et solidarité, contraintes financières et intérêt général.
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