«C'est un roc ! C'est un pic ! C'est un cap !» Et depuis mercredi, c'est un appendice qui vaut cher, très cher même. Le nez du Néerlandais Ilja Gort, viticulteur et propriétaire du Château de la Garde dans le Bordelais, est en effet assuré pour une valeur de 5 millions d'euros par la compagnie d'assurance Lloyd's. Le producteur des vins Tulipe a déclaré que, contre 10 000 euros par an, il avait assuré «ce qu'il comptait de plus précieux dans sa profession. Un bon odorat est essentiel afin de garantir la qualité constante du vin», explique Ilja Gort. Pour lui, il était plus important d'assurer son nez plutôt que ses papilles gustatives. Alors que «la langue n'a que cinq zones gustatives, le nez peut distinguer des millions d'odeurs», explique-t-il.
Connu pour avoir composé la réclame de Nescafé et être, en Hollande, l'ancien batteur du groupe «After Tea», Ilja Gort devra respecter certaines règles pour bénéficier de sa prime d'assurance. «Son contrat stipule qu'il ne pourra notamment pas rouler à moto le casque ouvert, faire du ski, de la boxe, respirer près d'un feu ou encore être l'assistant d'un lanceur de couteau (sic). Bref, tout ce qui pourrait être dangereux pour son nez», explique-t-on à la Lloyds.
«Que signifie perdre son nez ?»
La compagnie a auparavant étudié le nez de Ilja Gort et vérifié son bon fonctionnement. Ensuite, des tests ont été réalisés pour déterminer s'il a perdu toute sensibilité ou non. Pour Jonathan Thomas, souscripteur en chef du syndicat Watkins, qui a réassuré le nez, cet organe comme l'odorat sont pour un viticulteur «aussi importants que les doigts d'un pianiste. Peu de personnes réalisent l'importance de l'usage de leur nez dans leur travail. Mais que ce soit dans la restauration ou la parfumerie, une perte de l'odorat a des conséquences importantes.» Jonathan Thomas a d'ailleurs assuré pour plus de 12 millions d'euros la sommelière Angela Mount en 2003.
En France, cette pratique semble encore peu développée. «Que signifie perdre son nez, c'est très subjectif, est-ce que conserver 50% de son usage est suffisant?», s'interroge Jean-Michel Duriez, le «nez» de la célèbre maison Jean Patou. Lui-même n'a jamais été contacté par une compagnie d'assurance. Même scepticisme pour le sommelier Damien Gateau. «Je comprends que les mannequins puissent se faire assurer les fesses. Mais pour mon nez, je ne crois pas. En plus, comme je fume, personne ne voudrait m'assurer», rigole-t-il.
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